Jules Leroy : du tonnelier au céramiste qui collabore avec des chefs cuisiniers

Jules Leroy, Young Ambassador lors de l’évènement Homo Faber 2022, a grandi en France, où il a baigné dans l'artisanat depuis son plus jeune âge. Son grand-père paternel était sculpteur sur pierre et son grand-père maternel avait une passion pour la sculpture sur bois. Jules a passé de nombreuses heures dans l'atelier de ce dernier à jouer avec des outils et à apprendre les bases du travail du bois. Son père, Richard Leroy, vigneron près d'Angers, s’est spécialisé dans les vins biodynamiques. Ce parcours a cultivé chez Jules un amour de l'artisanat et un respect du terroir et de sa campagne locale. L'école s'est avérée difficile pour le jeune artisan qui aspirait davantage à utiliser ses mains et son esprit pour créer que pour étudier. Après une brève expérience d'apprenti charpentier, il a rejoint les Compagnons du Devoir comme apprenti tonnelier à l'âge de 16 ans. Pendant six ans, il a suivi des apprentissages dans différents ateliers en France – de la Bourgogne à Cognac – et jusqu'à Sterling, en Écosse, où il réparait des fûts pour une distillerie. Puis la Covid-19 est arrivée et l'atelier a fermé, obligeant ainsi Jules à rentrer chez lui et à prendre un peu de temps pour lui. Cela s'est avéré être un tournant décisif : la réflexion l'a tout droit conduit à un tour de potier et il a ainsi passé ses journées à apprendre et expérimenter les techniques de la céramique. Aujourd’hui, Jules collabore avec des restaurants locaux où ses créations viennent enrichir l’art de la table.

En quoi votre métier est-il lié à votre région d'origine ?

Je m'approvisionne en argile, localement, à la main. J'ai un profond respect pour la nature locale, qui est à la base de ma philosophie de fabrication. J'évite l'utilisation de cobalt pour m'assurer que mes créations en céramique respectent l'environnement. Ma vocation de fabriquer de la céramique destinée aux professionnels de la cuisine s'inspire de la solide tradition culinaire de ma région.

En quoi votre métier est-il lié à la gastronomie ?

Passionné de gastronomie, je suis en admiration devant la maîtrise de différentes cuisines. C'est un centre d'intérêt que j'ai toujours voulu développer et la céramique m'a ouvert une porte sur le monde de la gastronomie. Je collabore avec des chefs pour créer de la vaisselle en céramique sur mesure. J'aime relever le défi d'interpréter la vision d'un chef pour la transformer en une collection qui représente sa perspective et son identité.

Avez-vous prévu certaines collaborations pour l'avenir ?

Oui, je collabore actuellement avec un restaurant récompensé par une étoile au guide Michelin dans le petit village où je vis. J'ai réalisé quatre modèles différents. Au total, la collection se composera de 30 pièces créées à l'aide d'un processus de superposition de glaçures qui, bien que complexe donne des finitions uniques. Je suis très enthousiaste à propos de ce projet. Je viens également d'entamer une collaboration avec un chef pâtissier à Angers.

Quelles techniques utilisez-vous ?

Je suis fasciné par les techniques céramiques chinoises et japonaises. Cela s’explique par mon amour pour la culture du thé chinois, un centre d'intérêt que j'ai découvert à l'âge de 11 ans. J'ai passé des heures sur Youtube à observer des maîtres japonais pour apprendre à façonner et émailler la poterie.

En quoi votre expérience de Young Ambassador lors de l’évènement Homo Faber 2022 a-t-elle influencé votre parcours artisanal ?

J’ai eu l’opportunité de faire découvrir aux visiteurs l’exposition 12 Stone Garden, où étaient présentés les chefs d’œuvre de 12 trésors nationaux vivants du Japon. Ce fut un honneur de me trouver dans cet espace, d'en découvrir davantage sur les techniques ancestrales derrière chaque pièce. J'ai été fasciné par une vidéo de Zenzo Fukushima maniant le tour – plus je la regardais, plus j'étais captivé par ses gestes, sa façon de toucher l'argile. Rencontrer des maîtres artisans et d'autres Young Ambassadors et entendre parler de leurs projets m'a encouragé à poursuivre mes ambitions artisanales.

Quelles sont les valeurs communes entre l'artisanat et la gastronomie ?

Je considère la cuisine comme un savoir-faire artisanal et une partie importante de notre patrimoine culturel. Les grands chefs et les maîtres artisans partagent de nombreux idéaux communs, ces deux corps de métier cherchent à créer en utilisant leur imagination, leurs compétences et leur passion. Lorsque les deux mondes se rencontrent, ils donnent vie à la fois à une connexion humaine, puisque chacun cherche à comprendre l'autre, et à l'association de deux formes d'art qui s'élèvent l'une l'autre. De l'harmonie entre les deux naissent des créations fortes et uniques.