Mónica Benjumea Velasco : la création joaillère, un loisir devenu un métier

Installée à Malaga, Mónica Benjumea Velasco a toujours aimé créer des bijoux. Largement autodidacte, elle a cultivé sa passion pendant longtemps en parallèle de son activité professionnelle de secrétaire. Sa participation au programme Trainee to Professional de la Michelangelo Foundation a été l’occasion de perfectionner son savoir-faire sous la houlette du maître artisan joailler Antonio Seijo et de repenser son avenir professionnel. Elle nous livre ses réflexions sur son expérience en tant que stagiaire. 
Racontez-nous votre parcours
J’ai suivi un cours d’initiation à La Nueva Joyería, une école de Madrid, pendant deux ans. J’ai également fait quelques formations courtes sur différentes techniques de bijouterie comme le modelage à la cire et la préparation du sertissage. Je me considère avant tout comme une autodidacte car pendant des années, j’ai travaillé seule dans mon coin, dans l’atelier que j’avais aménagé chez moi. Pour des raisons personnelles, il m’était impossible de suivre une formation en joaillerie avec l’idée d’en faire une carrière, alors j’ai continué mon travail de secrétaire en gardant la bijouterie comme hobby. 

Pourquoi avez-vous choisi de participer à ce programme  ?
C’était une occasion que je ne pouvais pas laisser passer : l’opportunité de travailler main dans la main avec un artisan du calibre d’Antonio Seijo. Il existe une multitude d’écoles qui dispensent des cours mais il est difficile d’obtenir un stage en atelier. La formation pratique est rare et insuffisante si on veut se spécialiser dans la haute joaillerie. Le programme de la Michelangelo Foundation représente un pas de géant dans mon cursus de formation.

Qu’avez-vous découvert à propos de la joaillerie ?
Cette formation m’a permis de passer de la création de bijoux à la haute joaillerie, en utilisant des métaux précieux et des pierres précieuses. J’ai appris comment travailler dans un atelier professionnel pour la première fois. J’ai perfectionné mes techniques, en apprenant à résoudre les problèmes au fur et à mesure du processus de création. Je sais maintenant comment rectifier mes erreurs et prendre les mesures adéquates pour réaliser une pièce.

Qu’avez-vous appris auprès d’Antonio Seijo ? 
Dans le monde de la joaillerie, l’enseignement est entaché de suspicion. Il s’agit d’une profession que l'on se transmet généralement de génération en génération. Lorsque l’on ne vient pas d’une famille de joailliers, il est difficile d’entrer dans ce milieu. Antonio m’a ouvert sa porte, en m’enseignant son savoir et en m’encourageant à être plus audacieuse dans mes créations. Il s’est assis à mes côtés pour observer ma manière de travailler ; il m’a lancé de nouveaux défis, m’a donné de nouvelles idées, pour susciter ma créativité et stimuler ma motivation à créer. Selon moi, c’est ce qui compte le plus : trouver quelqu’un qui croit en vous et qui accepte de vous transmettre son savoir-faire.

Quels sont vos futurs projets de carrière?
Je souhaite poursuivre ma formation afin d’atteindre mes objectifs et devenir une designer et une créatrice de haute joaillerie. C’est un métier qui englobe de nombreuses techniques, qui exige de longues heures de travail et une immense somme de connaissances. Après ce stage, j’espère trouver un joaillier qui acceptera de me donner des cours particuliers ou alors de m’accueillir en tant qu’apprentie dans son atelier afin de prolonger ma formation. Entre-temps, je vais continuer à créer mes propres bijoux, en puisant dans tout ce que j’ai appris auprès d’Antonio. J’aimerais lancer une petite collection en parallèle de ma formation.

Les métiers d’art offrent-ils des perspectives de carrière viable pour les jeunes en Espagne ?
C’est un choix de carrière compliqué où il est difficile d’entrer si vous ne faites pas partie d’une famille d’artisans. Mais avec une dose de persévérance et d’effort, on peut y arriver. L’Espagne a une grande tradition artisanale, de la céramique au cuir et de la dentelle à la vannerie. Ce sont des métiers qui demandent un énorme travail en échange de très peu de reconnaissance. Il se pourrait que les choses soient en train de changer. Nous sommes envahis par la production en série depuis des années et nous réalisons à présent l’importance de l’artisanat, de sa qualité et de son authenticité. Nous commençons à lui accorder la reconnaissance qu’il mérite.