Homo Faber Fellowship:
Julien Vermeulen & Matéo Laurent
Plumasserie - France

Maître artisan : Julien Vermeulen, plumassier, France

Jeune talent : Matéo Laurent, École nationale supérieure des arts décoratifs, France

Des tableaux de plumes aux boucles d’oreilles, découvrez ce duo qui apporte une touche contemporaine à l’art de la plumasserie.

Originaire du Val de Loire, Julien Vermeulen dirige l’un des quatre ateliers indépendants de plumasserie de France. Sa curiosité naturelle lui permet d’innover à partir des techniques traditionnelles pour créer des œuvres murales, des sculptures et des installations originales, à partir de la plume. En 2018, Julien a été lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main. Matéo Laurent est un étudiant en stylisme avec un parcours dans le dessin, l’illustration et le portrait. Il collabore régulièrement avec d’autres artistes dans le cadre de créations dites « mixed media ». Sa passion pour la plumasserie lui est venue durant sa première année d’étude, lors d’une visite à l’atelier de Julien à Paris. Depuis ce jour, il n’a cessé de chercher à développer ses compétences en plumasserie en parallèle de sa formation.

Matéo : Qu’est-ce qui fait la spécificité de votre atelier ?

Julien : Pendant neuf ans, notre atelier était basé à Paris, mais nous avons récemment déménagé à Coutures dans le Val de Loire. J’ai choisi de m’installer là, car ma famille se trouve dans la région et pour me rapprocher des éleveurs d’oiseaux. Je recherchais également davantage d’espace pour ajouter un laboratoire à l’atelier.

Julien : Pour quelle raison as-tu souhaité participer au programme Homo Faber Fellowship ?

Matéo : J’avais déjà entendu parler de l’évènement Homo Faber, car l’un de mes amis y avait participé. C’est d’ailleurs lui qui m’a recommandé de suivre les projets de la Michelangelo Foundation. Ce programme est pour moi une occasion de développer mon savoir-faire et d’approfondir mes connaissances en plumasserie. Cet art est difficile à apprendre, c’est donc une chance unique de franchir une nouvelle étape vers une carrière dans le métier.

Matéo : Comment vous êtes-vous formé à la plumasserie ?

Julien : J’ai été principalement formé chez Lemarié. Ma formation technique a été essentiellement théorique, car on nous apprenait à suivre un diagramme étape par étape. Chez Lemarié, j’apprenais auprès de la plus ancienne maître plumassière de l’atelier. En plus de la réflexion, de la créativité et de diverses approches, elle m’a énormément appris. Ensuite, j’ai beaucoup expérimenté en puisant mon inspiration et mes idées dans le fruit de mes nombreuses recherches dans des archives.

Julien : Comment comptes-tu mettre ton profil multidisciplinaire au service de la plumasserie ?

Matéo : Mes compétences en dessin me sont utiles au moment de faire émerger les idées et au stade de la planification créative. Désormais, je voudrais aussi apprendre à les appliquer au travail des matériaux et à la création d’œuvres 3D. Mettre le dessin au service de la transmission du savoir-faire et des techniques est aussi quelque chose qui m’intéresse beaucoup.

Matéo : Comment choisissez-vous vos plumes ?

Julien : J’affectionne particulièrement les plumes d’oie. Elles sont comme une toile vierge, car elles n’ont pas de couleur ni de dessin particulier. Elles sont très polyvalentes et peuvent être utilisées avec n’importe quelle technique. Il existe d’autres plumes sublimes mais plus difficiles à travailler, comme la plume d’autruche, qui est peu malléable.

Matéo : Où vous fournissez-vous en plumes ?

Julien : Tout comme les autres ateliers de plumasserie, nous n’avons que très peu de visibilité sur la provenance des plumes que nous utilisons. Ces cinq dernières années, nous avons travaillé avec la Fondation Bettencourt Schueller dans le but de créer une ligne de production française et de s’approvisionner en plumes auprès d’éleveurs locaux. C’est un processus qui nécessite de nombreux éléments et les installations adéquates. Nous sommes en train de terminer la mise en place d’un laboratoire à côté de l’atelier, il devrait être fonctionnel d’ici la fin de l’année. Il sera le seul en son genre en France.

Julien : As-tu déjà travaillé sur des co-créations ?

Matéo : Oui, j’ai récemment collaboré sur une boucle d’oreille avec l’artiste joaillière Marine Billet. Elle s’est occupée du travail du métal et moi des plumes. J’ai également participé à la création d’une paire de chaussures et d’un sac avec les Compagnons du Devoir. J’aime les possibilités de collaboration qu’offre le monde de l’artisanat.

Julien : Quel est ton rêve pour l’avenir ?

Matéo : Il y a de nombreux artisans avec lesquels j’aimerais collaborer. Combiner la plumasserie et la cordonnerie m’intéresse aussi tout particulièrement. J’aimerais apporter quelque chose de nouveau au travail de la plume.

Matéo : Où trouvez-vous vos outils ?

Julien : Tu te souviens de l’outil et des plumes que je t’avais donnés lors de ta visite à l’atelier quand tu étais étudiant ? Je t’ai fait ce cadeau car je savais à quel point il est difficile de se procurer ce genre d’outils, car plus personne n’en fabrique depuis 70 ans. Aujourd’hui, grâce à la Fondation Bettencourt Schueller, nous sommes parvenus à recréer d’anciens outils et même à en faire inventer de nouveaux par des artisans français, à partir de bois recyclé provenant de l’endroit où se trouvait mon premier atelier à Paris.

Matéo : Oui, je possède toujours cet outil.

Julien Vermeulen et Matéo Laurent font partie des 21 duos de maîtres artisans et de jeunes talents sélectionnés pour participer à la première édition du programme Homo Faber Fellowship.

Pour en savoir plus sur le programme, rendez-vous sur michelangelofoundation.org